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Une épaisse fumée qui ne cesse de se propager: permanente et toujours plus irrespirable !!!

Père Pedro Akamasoa 2016

Nous sommes stupéfaits qu’il n’y ait aucune réaction de la part des responsables de la voirie et de la société SAMVA (Service Autonome de Maintenance de la Ville d’Antananarivo) alors que les villages d’Andralanitra, Ambatomaro, Mahazo et la partie est de la ville d’Antananarivo sont envahis par une épaisse fumée depuis plus d’un mois !

Malheureusement, cette fumée ne fait que grandir depuis notre dernier cri d’alerte et cela engendre beaucoup de problèmes oculaires et respiratoires aux enfants, aux jeunes et aux adultes.

Allons-nous devoir attendre la saison des pluies qui commencera dans 1 mois et demi, et qui seule peut-être, pourra éteindre totalement le feu sous-jacent de ces ordures ? La situation est d’autant plus grave que c’est pratiquement toute l’étendue de la décharge, soit 20 hectares, qui s’avère concernée par cette fumée.

Beaucoup de personnes, parmi ceux qui vont sur la décharge remuer les ordures, chercher de quoi vivre et survivre, travaillent la nuit avec des torches fabriquées artisanalement. Ces torches, qu’ils laissent ensuite sur la décharge, sont certainement responsables de ce feu.

La fumée, ce sont les gaz qui se consument tout doucement parce que cette décharge renferme des quantités énormes de gaz qui devraient être utilisées pour produire de l’énergie ! Au lieu de cela, ces gaz sont nocifs pour la santé de tous les riverains de la décharge mais aussi pour tout le quartier est de la capitale.

Nous avons fait des réunions entre le Fokontany d’ Ikianja, SAMVA et Akamasoa à ce sujet mais les décisions prises restent toujours en suspens.

Bien que nous ayons aussi été consultés à plusieurs reprises par des entreprises expertes dans la transformation des déchets en énergie renouvelable et que des solutions réalistes nous aient été proposées, Akamasoa ne peut malheureusement intervenir, de quelque manière que ce soit, car le terrain de la décharge ne nous appartient pas.

Que faire quand aucune instance représentative de l’Etat ne s’est encore décidée à donner une suite favorable à leurs demandes ni aux projets qui leur ont été soumis ?

Il est temps d’éclaircir les responsabilités respectives de la commune, de la SAMVA, et du ministère de l’environnement, non seulement en ce qui concerne l’exploitation de cette décharge mais aussi en termes d’environnement et de santé publique.

Nous ne pouvons pas décemment continuer à respirer ces gaz toxiques, cette fumée qui véhicule Dieu seul sait quelle teneur de produits nocifs nuisibles à la santé des enfants et qui irrite les yeux et la gorge tout au long de la journée.

Père Pedro Akamasoa 2016

 

 

 

 

 

 

Pour mémoire, sur les 13 000 enfants scolarisés à Akamasoa, 5 000 enfants sont directement victimes de cette fumée nocive et ce sont les plus vulnérables parce qu’ils résident tout autour de la décharge.

Nous avons parfois été questionnés sur les motifs de notre installation sur les terrains avoisinants la décharge. Plusieurs raisons à cela :

En premier lieu, nous avons compris que pour aider ces personnes, il faut d’abord être au plus près d’eux.

Deuxièmement, parce que c’est l’unique endroit disponible que nous avons trouvé avec un terrain important pour construire Akamasoa.

Nous sommes convaincus qu’un jour l’Etat prendra enfin au sérieux son engagement de fermer cette décharge à ciel ouvert au profit d’une nouvelle construction qui sera une décharge écologique qui respectera toutes les normes en vigueur dans le pays : respect de l’hygiène et de la sécurité de tout citoyen.

Son accès sera interdit aux enfants et à tout être humain. Pourquoi ? Tout dépotoir est nécessairement une source de maladies contagieuses et infectieuses.

Nos docteurs témoignent également de l’accroissement des maladies contagieuses et des infections en tous genres avec l’arrivée de la pluie,  les rats s’échappant davantage de la décharge et remontant vers les villages.

Depuis plus de 18 ans, plusieurs gouvernements successifs se sont engagés à prendre des mesures afin d’assainir la situation sans que rien ne soit jamais entrepris.

De même, à la tête de la SAMVA, le Directeur Général change tous les 2 ans.

C’est la nième fois que nous lançons ce cri d’urgence, cet appel au secours pour ces dizaines de milliers de personnes dont la santé est en jeu et qui doivent respirer ces produits innommables qui atteignent principalement leurs poumons. Une femme en est encore décédée hier soir, dimanche 11 septembre.

Nous demandons aux responsables de la SAMVA, aux élus de la commune et du/des ministère(s) compétent(s), qu’ils prennent enfin ce sujet en considération et entérinent un plan d’actions, des décisions. Tant de spécialistes de par le monde disposent de solutions rapides et efficaces pour résoudre ce mal qui nous pollue depuis 27 ans et qui est au cœur de notre vie quotidienne.

Nous demandons également aux instances internationales présentes à Madagascar, notamment l’OMS, de se manifester en tenant compte de ce fléau, de ce danger qui touche aussi la partie est d’Antananarivo.

Toute capitale du monde s’agrandit vers tous les points cardinaux, Antananarivo ne fait pas exception et poursuit son extension notamment vers l’est où nous résidons. Ce sont les ordures, cette décharge à ciel ouvert qui doivent déménager et non les humains !!!

Tout le peuple d’Akamasoa et des environs de la décharge souhaite que cela puisse se réaliser le plus rapidement possible.

Père Pedro

L’assassin de Melle Honorine arrêté

Père Pedro Akamasoa 2016

Après 3 mois de recherches, l’assassin de Mademoiselle Honorine a finalement été arrêté par la police dimanche 4 septembre. Il s’agit du jeune Jacky, son fils adoptif âgé de 20 ans. Le lendemain, il a reconnu le fait d’avoir assassiné sa tante.

Plusieurs journaux de ce  mercredi 7 septembre ont publié en première page sa photo et celle du corps de Melle Honorine gisant dans un caniveau ; et titraient: « Voilà le fils qui a tué celle qui l’a élevé ! ».

Hier, il a comparu devant le juge d’instruction du tribunal de Première Instance d’Antananarivo, où une forte délégation d’Akamasoa s’est rendue pour nous représenter et manifester notre grand respect et amour pour celle qui s’est battue à nos côtés pendant plus de 23 ans.

Le juge a décidé l’emprisonnement de Jacky à la maison des forces de Tsiafahy, réservée aux criminels et située à 30 kilomètres de Tana, ainsi que celui de sa petite amie à la prison d’Antanimora de la capitale. Une nouvelle audience aura lieu prochainement.

Il nous est difficile de croire que c’est un membre de sa propre famille qui ait supprimé une vie toute donnée pour les pauvres de son pays mais les faits sont là.

Nous espérons que les responsables de la police qui font l’enquête continuent à chercher toute la vérité car nous avons du mal à croire que Jacky soit l’unique assassin.

Les deux frères de Melle Honorine ainsi que son deuxième fils adoptif Haja sont d’ailleurs en détention provisoire depuis le 13 août en raison de leurs agissements douteux dans ce meurtre.

Nous avons du mal, une fois de plus, à accepter ce que peut être capable de faire un humain. Nous sommes face à un mal inexplicable,  parce que si quelqu’un peut se sentir à l’aise et en sécurité c’est bien au sein de sa propre famille !

Pour notre brave Melle Honorine, il s’agissait finalement d’un guet-apens.

Tout le peuple d’Akamasoa est soulagé qu’il soit désormais en prison car une personne aussi dangereuse ne doit pas vivre avec ceux qui respectent la vie des autres.

Personnellement, je suis sûr que dans le ciel Mademoiselle Honorine lui a déjà pardonné. Elle aimait tellement ses deux enfants, Jacky et Haja, les fils de sa cousine qu’elle a élevés.

Dans le peuple d’Akamasoa, il n’y a aucune soif de vengeance de quelque manière que ce soit mais ceux qui ont succombé à ce mal doivent faire pénitence et donner des preuves de conversion et de repentance. Melle Honorine aurait pu faire encore tellement de bien pour les pauvres de son pays.

Le mal n’a pas d’explications, c’est un fait réel  contre lequel nous devons lutter pour faire régner la Lumière, la Fraternité et le Pardon de Dieu.

Ce combat entre cette lumière de Dieu et les ténèbres qui habitent les humains dans tous les pays du monde, c’est cela notre combat sacré pour faire gagner le Bien sur le mal.

Aucune punition ne peut remplacer la tristesse et la disparition d’un être cher.

C’est pour cela qu’à Akamasoa personne ne crie vengeance, mais nous souhaitons que justice et vérité soient faites.

Jeudi 1er septembre : Eclipse à Madagascar

Père Pedro Akamasoa 2016

Ce 1er septembre,  une nouvelle éclipse a eu lieu à Madagascar et elle a suscité une petite excitation chez beaucoup de personnes puisqu’il s’agit d’un fait naturel et rare.

La dernière fois, c’était le 21 juin 2001 et à l’époque, nous avions eu beaucoup plus peur que les enfants s’abiment les yeux si ils s’aventuraient à regarder directement le soleil.

Cette fois-ci, le phénomène étant déjà plus connu, il a été vécu avec beaucoup plus de curiosité.

Nous avons par ailleurs bénéficié d’aides pour disposer de lunettes de protection spéciales éclipse : Telma 1500 lunettes, World Trade Center Antananarivo : 800 lunettes, et ce jour sur le fil 10000 lunettes de Telma/Epione.

Nous avons ainsi pu partager toutes ces lunettes. Les responsables et les éducateurs se sont entretenus avec les enfants et les ont fait sortir par groupe de 50 pour regarder l’éclipse avec les lunettes.

Cela a commencé vers 11h00 et s’est terminé vers 14h30 de l’après-midi.

Etant donné qu’il s’agit d’un phénomène rare, beaucoup de ceux qui ne savent pas se protéger ont cessé de travailler afin de ne pas s’abimer les yeux. Ce fût le cas de nombreux ouvriers.

Il y a également des villages comme Antaninarenina où les mères de famille ont enfermé tous les enfants dans leur maison par protection.

Grâce à Dieu, tout s’est bien passé dans une ambiance très joyeuse où les enfants et les adultes riaient ; déjà avec ces lunettes obscures nous ressemblions presque à des martiens !

Déjà un grand souvenir car la prochaine aura lieu dans 50 ans à Madagascar !

Voilà quelques photos qui illustrent ce premier jour du mois de septembre 2016 :

 

 

 

Samedi 27 août 2016 : Journée d’athlétisme à Akamasoa

Père Pedro Akamasoa 2016

A Akamasoa, depuis le début, nous donnons une importance capitale au sport. Nous avons donc développé dans chaque village un terrain de foot, plusieurs terrains de minifoot et des terrains de basket, hand-ball et volley-ball.

Ayant 13 000 enfants scolarisés à Akamasoa, nous pensons que c’est notre devoir de créer des infrastructures sportives pour que les jeunes puissent pratiquer un sport et développer ainsi les talents naturels que Dieu leur a donnés.

L’athlétisme au contraire est un sport qui n’a pas besoin d’infrastructures mais seulement d’une forte volonté, d’un corps sain et l’envie de se dépasser, d’aller jusqu’au bout de soi-même. Ce sport est recommandé par tous les médecins du monde qui d’ailleurs certifient que pour être en bonne santé tout être humain devrait faire 7 kms par jour afin de garder un corps agile, de bonnes articulations et toute sa volonté !

Au cours de ces dernières années, durant les vacances, nous avons à plusieurs reprises organisé une journée d’athlétisme où tout le monde peut participer, du plus petit au plus grand.

Cette fois-ci, l’initiative est venue de nos propres jeunes qui font des demi-marathons, marathons et des raids internationaux (Diego, Réserve naturelle d’Isalo, raid Manjakandriana-Tana). Pour ces compétitions, ces jeunes doivent se déplacer et puis il y a les frais de séjour, de nourriture et d’hébergement, ce qui fait que ce sport a aussi un coût. Ils sont environ 9 jeunes d’Akamasoa, qui courent également dans un club en ville.

Nos 9 jeunes sont toujours 1er, 2ème ou 3ème lors de ces compétitions. C’est pour cela que nous avons décidé d’ouvrir une section officielle d’athlétisme à Akamasoa.

Voyant l’effort qu’ils font, nous n’hésitons pas à les aider afin que cet enthousiasme et cette volonté puissent être transmis aux plus jeunes.

Père Pedro Akamasoa 2016

Journée d’athlétisme du 27 août 2016

C’est pourquoi nous avons fait cette journée d’athlétisme ce samedi 27 août avec la participation de plus de 150 jeunes, de 10 à 60 ans, répartis en 58 minimes, 20 cadets, 15 juniors et 19 séniors.

Lors de cette course d’endurance, ils ont respectivement parcouru 2, 3, 5 et 8 kilomètres.
Ce dernier parcours passait successivement par :
Manantenasoa – Mangarivotra – la grotte de la Sainte Famille – la route de Mahatsara – Bemasoandro – Lovasoa – Mahatazana- ma Colline – Manantenasoa, puis un autre demi-tour par Mangarivotra et Vohitsara, Mahatazana – ma Colline – arrivée sur le parking de l’église à Manantenasoa.

Les 3 premiers de chaque catégorie ont reçu un prix composé surtout de fournitures scolaires et d’un T-shirt.

Lors de la messe dominicale du 28 août rassemblant des milliers de personnes, les 2 premiers juniors et seniors, filles et garçons, ont reçu une médaille devant tout le peuple de Dieu.

En recevant leur médaille, ces jeunes ont lancé un message à tous les autres jeunes présents dans l’assemblée : « continuer à faire du sport, c’est la meilleure façon de lutter contre la drogue, l’alcool et la vie facile ».

Nous sommes très heureux que des touristes qui passent, des amis de France et de la Réunion,  Kiwanis d’Aix-en-Provence, nous envoient souvent des articles de sport (ballons de foot, de basket et de volley, des jeux de maillots pour les équipes). Tout cela nous est très très utile pour convaincre les jeunes de choisir un sport qui les aidera à grandir, à développer un esprit de combat, de lutte et d’équipe, tout en  grandissant humainement et spirituellement.

Le sport est une école de la Vie.

Voici quelques photos illustrant la bonne ambiance de cette journée d’athlétisme :

24 août 2016 : Session liturgique à Akamasoa

Session liturgique 2016 à Akamasoa

Comme tous les ans au mois d’août, pendant les vacances, nous organisons une session de liturgie pour tous les jeunes et adultes qui animent la messe du dimanche. A chaque fois, c’est une centaine de jeunes garçons et filles et adultes qui participe à cette session.

Nous commençons par une explication des documents conciliaires sur la liturgie que nous adaptons à la culture malgache et à l’histoire d’Akamasoa. Nous sommes un peuple des décharges et de la rue sauvé par l’Amour de Dieu et notre eucharistie tous les dimanches est devenue un lieu d’expression de la joie, de l’espérance et un lieu de remerciement à Dieu pour tout ce qu’il a fait pour nous sauver.

A l’origine de notre travail avec les plus pauvres, les oubliés  de notre ville d’Antanarivo, ce sont eux qui m’ont dit : « Prêtre, baptises nos enfants, nous voulons prier ». Je leur ai dit : « D’accord, votre prière de tous les jours sera votre travail, avec ces fruits de faire vivre dignement votre famille ; et le dimanche, jour du Seigneur, on se réunira tous ensemble pour remercier le Seigneur de nous avoir mis dans le chemin de l’espérance et nous allons exprimer par nos chants et nos danses cette joie de commencer une nouvelle vie ».

Cela dure maintenant depuis 27 ans. Nous avons commencé avec 50 personnes et aujourd’hui, souvent, dans notre nouveau lieu de prière nous sommes autour de 9000 personnes.

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Sachant la responsabilité que nous avons le jour du dimanche d’animer cette grande foule pour qu’elle participe à la prière, aux chants, aux danses durant toute l’eucharistie, nous avons dû tous les ans créer de nouvelles attitudes, renouveler l’état d’esprit des nouvelles personnes, de mettre ces cœurs à l’unisson pour louer Dieu qui est Père de tous les humains.

Nous croyons au Christ mort ressuscité pour chaque être humain et surtout pour chaque pauvre et nous voulons que le Christ ressuscité puisse se sentir, voir toucher sa présence par ses milliers de frères qui se réunissent en son nom pour se donner de la force mutuellement et continuer ce dur combat contre l’extrême pauvreté et cette lutte pour la dignité humaine.

Pour nous, à Akamasoa, ce ne sont pas des souhaits, des phrases vides de sens. Nous voulons que notre communauté le dimanche se rassemble en une grande famille et que nous devenions un vrai peuple qui a des objectifs concrets, qui a un chemin à parcourir pour changer de vie et aller vers une vie plus humaine, plus fraternelle, plus juste et digne. N’oublions pas que nous avons accueilli des personnes de la rue et de la décharge où régnait l’anarchie totale, où entre eux il n’y avait rien en commun, où le plus fort dominait le plus faible, où l’homme dominait et exploitait la femme, où les enfants n’avait aucun droit. Sachant d’où nous sommes partis et où nous sommes arrivés après 27 ans, nous ne pouvons faire davantage que remercier Dieu.

Nous ne pouvons que le remercier pour son Esprit de l’Evangile qui nous a habité depuis le début et qu’aujourd’hui nous nous devons de continuer ce combat qui n’a pas de fin parce que de nouvelles menaces accablent nos enfants et nos jeunes comme : l’argent facile, la drogue, l’alcool, la prostitution, le chacun pour soi. Cette mentalité aux antipodes de la culture malgache, c’est aujourd’hui une réalité. C’est pour cela que tous les ans, avec les jeunes et les personnes engagées dans la liturgie, nous nous réunissons pour approfondir la parole et la vie de Dieu qui nous est donnée à travers l’eucharistie et les sacrements.

Session liturgique 2016 à Akamasoa

Nous devons aussi améliorer notre prière, notre rassemblement, pour que les personnes qui assistent à notre eucharistie ne soient pas des spectateurs mais qu’un enfant, un jeune, un adulte et même nos frères touristes, puissent participer à cette joie de recevoir la vie de Dieu durant ces 3 heures où nous écoutons et louons l’Amour de Dieu.

L’être humain est toujours menacé par l’usure et ses grands enthousiasmes tombent vite dans l’habitude et la banalité. C’est pour cela que nous nous réunissons ensemble pour réveiller en nous l’Esprit de Dieu qui est toujours nouveau et qui nous inspire de nouvelles idées, de nouveaux gestes et images que nous utilisons à chaque eucharistie et nous pouvons dire qu’à Akamasoa ce n’est pas une habitude. Nous ne savons pas nous répéter parce que si l’Esprit Saint a quelque chose de  particulier, c’est qu’il est toujours nouveau.

Pour celui qui croit en cela, il lui est difficile d’accepter que certaines personnes dans notre église à travers le monde, veulent canaliser, voir mettre dans le moule le Saint-Esprit. C’est en fait une contradiction pour ceux qui ont un minimum de bon sens de vouloir enfermer l’Esprit, l’Amour et la miséricorde de Dieu dans un moule, dans la mentalité, dans la culture d’un pays déterminé et qu’il puisse avoir une valeur universelle, puisque l’Esprit-Saint dans tous les pays et à toutes époques continue à allumer de nouvelles espérances à travers les nouvelles générations.

Quand Dieu se manifeste dans chaque tribu, peuple et nation et dans toutes les choses positives de leur culture, à nous de rechercher ces points positifs de chaque culture. C’est pour cela, à Akamasoa, nous sommes à Madagascar et nous cherchons et essayons d’utiliser toutes les choses positives de la culture malagasy pour louer le Seigneur.

Par exemple, les danses malgaches qui sont si élégantes et leurs chants qui tout de suite se divisent en plusieurs voix et qui manifestent cette différence dans une belle harmonie, et aussi les gestes de lever de main. La participation spirituelle et corporelle est nécessaire durant l’eucharistie pour que notre esprit habite notre corps et ce corps doit exprimer extérieurement la joie et le bonheur ressentis intérieurement.

Nous sommes très heureux que le Pape Francois, depuis 3 ans, ne fasse qu’insister sur tous ces points et que lui-même ait dit qu’une prière sans joie ne reflète pas la véritable image du Dieu Amour.

Session liturgique 2016 à Akamasoa

Session liturgique 2016 à Akamasoa

Le thème de la session : « Je suis le pain de vie » (Jean  6-35).

Puisque la vraie liturgie n’est pas dans les nuages, dans le vide, mais qu’elle est ancrée dans la vie réelle ; nous avons commencé hier notre session liturgique en posant 4 questions aux 4 commissions dont la première était : Qu’est ce qu’on peut retirer ou prendre de la lettre des évêques malagasy que nous avons lue ce dimanche durant la messe et qu’elle est notre réaction de jeunes chrétiens dans ce cri des évêques ?

  • 2ème question: Est-ce que l’eucharistie que nous célébrons tous les dimanches a quelque chose à voir avec la vie de tous les jours, avec la vie de ta famille et la vie de ton quartier ? Si oui, en quoi ?
  • 3ème question: La foi en Jésus vivant que nous suivons depuis notre baptême, est-ce que cela se transmet dans ta vie ? Si oui, en quoi ?
  • 4ème question: Donnes des suggestions. Comment pouvons-nous améliorer l’eucharistie du dimanche ?  Dis les points positifs de notre liturgie et quels sont les points qui méritent d’être améliorés pour animer davantage le peuple de Dieu.

Réponses à la 1ère question :

Les évêques dénoncent la destruction des valeurs de la culture malgache. Ils dénoncent aussi la détérioration sociale du pays, le mélange, les politiciens se servent de la foi et de l’église dans leurs discours. Ceux qui ont le pouvoir se servent pour eux-mêmes.

Ils dénoncent fortement aussi la corruption et l’indifférence totale face à toutes les responsabilités de l’Etat où il devrait manifester sa force pour le bien commun. Les responsables de l’état profitent de leur situation politique pour s’enrichir personnellement. On vend les richesses du sous-sol du pays aux entreprises étrangères dans un flou total sans que le commun des citoyens en bénéficie pour élever son niveau de vie. L’état ne défend pas les églises, la liberté de croyance puisqu’il laisse les voleurs prendre les cloches et les biens d’église.

Ils constatent que le pays est malade, voire moribond.

Nos jeunes ont dit : « Devant ce message, nous devons prendre nos responsabilités de protéger le bien commun, être responsable dans tout ce que l’on fait, nous devons protéger notre environnement devant les entreprises qui cherchent uniquement le profit, nous devons devenir des prophètes dans notre propre pays et là où nous habitons ».

Réponses à la 2ème question :

Oui, l’eucharistie à une répercussion dans notre vie, dans notre quartier, dans notre travail. Pour commencer, nous voyons qu’il y a plus de respect, d’entraide, de fraternité dans les familles surtout entre les parents et leurs enfants. De même, dans nos lieux de travail.

Même si c’est difficile, nous faisons l’effort de faire vivre notre eucharistie dans notre vie de tous les jours. Surtout d’être responsable dans notre travail pour le faire bien parce que la prière pour nous est Vie. L’eucharistie nous apporte aussi la paix du cœur et la joie, la force, la joie pour faire le bien autour de nous et nous aide aussi à partager le peu que nous avons.

Réponses à la 3ème question :

Oui, parce que nous faisons l’effort de nous lever et d’être témoins de la vérité. Nous nous levons aussi pour être des prophètes qui dénoncent le mal et l’injustice. C’est la force de notre baptême au nom du Christ qui nous pousse à nous engager pour le bien de nos frères.

Mais nous avons aussi besoin d’entrer dans les organisations d’église, des mouvements chrétiens dans chaque paroisse pour ne pas rester seuls devant tant d’adversité.

Nous devons aussi être un exemple dans notre comportement personnel puisque beaucoup de nos aînés disent  une chose et font le contraire. Nous devons aussi faire attention de ne pas nous marier trop jeunes. Nous devons aussi avoir un esprit de réconciliation. Oui, nous devons faire l’effort de devenir des prophètes parce que nous sommes aussi oins par notre baptême en tant que prêtres, prophètes et rois. Nous avons besoin, nous qui avons la foi, de nous encourager les uns les autres pour résister à toutes les tentations et persécutions à cause de la foi.

Réponses à la 4ème question :

Les points positifs : les gens viennent nombreux à notre eucharistie tous les dimanches. Ils participent, ils chantent mais nous devons aussi lutter contre l’habitude. Nous devons chercher de nouveaux chants qui aient du rythme, soient dynamiques et réveillent le peuple. Il y a encore des efforts à faire pour la lecture de la parole de Dieu et les prières universelles, besoin de davantage de préparation, des lectures plus claires et plus audibles. Nous devons mettre un peu plus de cœur dans les lectures et ne pas simplement lire pour que les personnes écoutent la parole de Dieu. Le peuple de Dieu doit aussi faire l’effort de répondre à toutes les paroles du prêtre car c’est un dialogue. S’il n’y a pas de réponse, cela ne crée pas une ambiance de prière. C’est comme si nous allons dans une fête et que tout le monde reste silencieux.

Nous devons aussi, les enfants de chœur, participer à l’eucharistie et entourer le prêtre autour de l’autel avec plus de participation. Durant la quête, il y a beaucoup de gens qui sortent et qui ne reviennent plus. Nous devons dire aux gens que la messe, elle est jusqu’à la bénédiction finale.

Il faut également  harmoniser nos chants avec les instruments de musique. Ceux qui jouent des instruments voudraient faire un prélude mais devant une foule immense, le prélude endort les gens. La psychologie est spéciale pour animer la prière d’une foule. Une foule ne supporte pas les temps morts et c’est la spontanéité de la prière qui doit primer. Un programme plein de sens doit primer et alors, personne ne trouve le temps long car il est bien occupé, il ne voit pas passer le temps. Nous avons des temps de silence mais avec une musique de fond qui fait prier, parce que tout le monde sait qu’elle est dédiée à la prière personnelle.

La participation du peuple de Dieu en répondant aux salutations du prêtre et quand tout le peuple chante et frappe des mains, on crée une ambiance de famille, de fraternité, qui nous empêche de dévier notre concentration vers autre chose.

Nous avons fini notre session liturgique en levant bien haut les deux mains puisque nous voulions demander au Christ sa force et son Esprit. Nous dirons à haute voix le Notre Père en pensant vraiment à toutes les paroles prononcées afin qu’elles fassent chair en nous, puis nous nous sommes donnés la main pour le chant de paix avant la communion qui a retentit avec beaucoup de force et de joie. Ensuite, j’ai donné la bénédiction à chaque participant afin que nous puissions continuer avec humilité, joie, amour et persévérance. Nous nous sommes tous salués les uns les autres dans la cour avant de repartir vers nos lieux de vie habituels pour être témoins et les prophètes de la bonne nouvelle. Amen.

 

Lundi 15 août 2016 : Fête de l’Assomption

Nous avons fêté ensemble la fête de l’Assomption de la Vierge Marie au Ciel avec trois paroisses situées autour d’Akamasoa, c’est-à-dire avec Antsobolo, Soamanandrariny et Tsarahasina ! Nous étions 5 prêtres : deux prêtres malgaches, deux prêtres indiens et moi, prêtre argentin-slovène ! Nous avons pu réunir des milliers de personnes.

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Toute la nuit le temps a été menacé par la pluie et le matin encore, cela a duré jusqu’à la lecture de l’Evangile. Ensuite, la bruine s’est arrêtée et le soleil a timidement commencé à percer les nuages ! Toutes les paroisses ont participé à la Liturgie et cela a procuré une grande joie à tous les frères et sÅ“urs présents! Nous sentions une grande union dans le Christ en ce jour de fête de la Vierge Marie!

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Les prêtres concélébrant la messe de gauche à droite : Père Dindo, Père Pedro, Père André, Père Lazare et Père Louis

Les  chrétiens ont chanté et dansé  avec beaucoup  d’amour et  de joie ! Cela s’est répercuté dans tous les frères et sÅ“urs présents ! Grâce a Dieu, nous avons une très bonne sonorisation et tout le monde a pu  entendre clairement la parole de Dieu, l’homélie du père André ainsi que toutes les prières ! Il y avait une grande concentration pour écouter la parole de Dieu ! On sentait physiquement et visiblement que nous étions une seule et même famille de Dieu !

Père Pedro Akamasoa 2016

Il y avait des touristes présents de plusieurs pays, même du Japon, que nous avons salué. Ils se sont aussi sentis unis dans le même Esprit de Dieu qui rassemble tous les humains du monde entier sans distinction de race, de langue et de culture ! Une célébration avec une telle multitude de personnes, si elle est bien préparée et si les chrétiens présents y participent de tout leur cœur, cela produit un grand bonheur !

C’est pour cela qu’après la messe, de nombreux chrétiens nous ont dit : « Il faut qu’on se réunisse au moins une fois par an pour prier tous ensemble comme nous l’avons fait aujourd’hui. Nous sommes le corps du Christ. Que nos âmes, corps et esprits soient réunis en l’honneur de notre Seigneur Dieu pour le célébrer dans la Paix, la Joie et l’Amour. »

La Vierge Marie nous a unis fortement à son Fils Jésus en ce jour de fête du 15 Août !

Merci Marie pour cette  belle journée que tu nous as fait vivre aujourd’hui en ton Nom!

A tous ceux qui prient pour nous, Merci !

Père Pedro

 

377 jeunes filles et garçons de l’âge de 12 ans ont reçu leur Première Communion ce jour

IMG_4093Notre église était remplie jusqu’au dernier mètre carré. Il y avait aussi une ambiance de prière et de fête très palpable. On voyait le bonheur dans le visage des enfants, de leurs parents et de toute la Communauté Chrétienne présente.

Pour les  enfants qui ont reçu leur Première Communion aujourd’hui, cette journée restera inoubliable. Il en est de même pour nous, et tous nos frères et sÅ“urs touristes venant de plusieurs pays: France, Hollande, Espagne, Argentine, Belgique et la Réunion.

Père Pedro et Père GabrielPère Pedro et Père Gabriel

J’ai eu la chance que le Père Gabriel d’Avignon ait concélébré avec nous l’Eucharistie et de fêter en même temps le 30è anniversaire de son sacerdoce. Nous l’avons vu heureux d’avoir participé à cette messe à Akamasoa et nous aussi, nous étions heureux avec lui et ses amis qui l’ont accompagné.

IMG_4158Trois journalistes du Canal 13 de la télévision argentine étaient également présents. C’est la première fois que la presse audiovisuelle d’Argentine vient faire un reportage sur le travail d’Akamasoa. Eux aussi, ils étaient impressionnés par la multitude de personnes qui ont participé à notre messe.

Une nouvelle belle journée s’inscrit dans les annales d’Akamasoa !

Fraternellement!

Père Pedro

Fumées de la décharge d’Andralanitra

Père Pedro Akamasoa 2016

Fumée de la décharge vue depuis le collège d’Andralanitra

Des photos qui montrent qu’à Akamasoa, nous vivons un combat quotidien, durant toute l’année.

Pendant la saison des pluies, des odeurs nauséabondes envahissent les écoles près de la décharge et les villages de la Cité Akamasoa et Antaninarenina (voir notre article précédent  La route de la décharge – Urgence !)

Pendant la saison sèche, la fumée de tous les produits brûlés irrite les yeux et les poumons de nos enfants, élèves et personnes âgées.

Au final, pendant 6-7 mois, nous respirons cette fumée qui provoque tant de maladies. Et cette fumée que vous voyez va directement vers la ville de Tana, et elle fera d’autres victimes parmi les enfants et les personnes de santé fragile.

Il est temps que la commune de Tana et SAMVA trouvent une solution à ce fléau qui dure déjà depuis des dizaines d’années. Pour notre île, exemple de biodiversité, de verdure et de respect de la nature, c’est un mal qui doit disparaître le plus tôt possible.

Nous espérons que les responsables de la voirie prennent leurs responsabilités pour le bien de tous.

Visite du Président de la Région de l’Ile de La Réunion, Mr Didier Robert

Le samedi 10 juillet, vers 15h, nous avons mis symboliquement la première pose du gazon synthétique en la présence de nombreux amis qui se sont joints à cette fête : le président de la Région de l’Ile de La Réunion Didier Robert et son épouse ; l’Ambassadeur de France, avec son époux, le président de l’Assemblée des Députés du Québec, un député fédéral du Canada, Mr Patrick Pisal-Hamida, Directeur Général de Telma, et Michel Gallendo, représentant de la Région de l’Ile de La Réunion à Madagascar, ainsi que le directeur de l’entreprise qui va réaliser ces travaux.

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Avec 2500 enfants, nous avons inauguré le début des travaux dans une liesse populaire de tous les enfants, puisque ce sont eux qui seront les premiers bénéficiaires de ce complexe sportif que nous sommes en train de construire sur les collines de Bemasoandro.

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Certainement que pour ces enfants, ce sera un jour inoubliable le jour où ils profiteront de ce terrain, qui nous est donné par l’Ile de La Réunion avec tant de générosité. C’est la troisième fois, en effet, que nous faisons ensemble, avec la Région de La Réunion, un projet conséquent, toujours voté à l’unanimité par tous les conseillers de la Région.

Cela montre la confiance que mettent en nous nos frères de La Réunion. Nous essaierons toujours de mériter cette confiance, pour que nous puissions continuer cette entraide dont les bénéficiaires sont les enfants des familles les plus vulnérables. Ces enfants, en effet, n’auraient jamais pu pratiquer un sport, quel qu’il soit, si nous n’avions pas créé ces infrastructures sportives.

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En plus, ces infrastructures servent à d’autres écoles, d’État, privé, ou confessionnelles, car à l’Est de la ville de Tana, les infrastructures sportives sont presque inexistantes. Néanmoins, des milliers de jeunes auraient envie de faire du sport, mais ils n’ont pas cette chance.

C’est pour cette raison que grande est notre reconnaissance envers le Président de la Région, Didier Robert, ses conseillers, et tous les frères et sÅ“urs de bonne volonté de La Réunion, qui nous soutiennent pour ce projet qui va vers les plus démunis.

Nous espérons qu’au mois de novembre, lors des sommets de la Francophonie à Madagascar, nous pourrons inaugurer ce nouveau terrain de football avec gazon synthétique.

Alors, à bientôt et merci !

Remise de don de la famille Présidentielle

Nous avons reçu vendredi 15 juillet, vers 10h30, la visite de Lova Rajaonarimampianina, le fils du Président de la République Malagasy, qui est venu au nom de sa famille nous remettre un don de 70 sacs de riz, 10 bidons d’huile et 5 millions d’Ar, pour les enfants d’Akamasoa.

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C’est la deuxième fois qu’il vient nous rendre visite, et nous avons une nouvelle fois beaucoup apprécié sa discrétion, et le respect qu’il montre pour les lieux qu’il visite.

Nous sommes très sensibles et touchés par les personnes qui respectent ce lieu où nous combattons l’extrême pauvreté tous les jours. Dans un lieu pareil, nous nous sentons heureux de recevoir ceux qui comprennent le sens et l’ampleur de notre lutte.

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Pour débuter, une élève l’a accueilli au nom de tous ses amis en lui souhaitant la bienvenue, et en lui remerciant du don et du respect qu’il portait à notre travail. Elle en a profité pour lui demander de faire passer un message au Président, au sujet de la décharge, où nous souffrons depuis déjà trop longtemps de la fumée des ordures, qui empêche d’étudier normalement, et qui provoque chez beaucoup d’enfants des problèmes de respiration.

3 groupes de jeunes d’Akamasoa lui ont ensuite offert des chants et des danses folkloriques qu’ils ont réalisés avec tout leur sourire et leur joie.

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Au milieu de la fête, Lova Rajaonarimampianina a pris la parole et il a expliqué la provenance du don, qui vient de la famille Présidentielle, qui a à cœur de continuer de nous aider, et qui a promis de ne pas nous laisser seuls dans la lutte pour la dignité de nos 13 000 enfants scolarisés à Akamasoa.

En finissant son discours, bref mais sincère, il a reçu de longs applaudissements de la part des enfants.

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Cette visite a coïncidé avec le dernier jour de l’école à Andralanitra, et ce riz va être utilisé pour la cantine des enfants des familles les plus pauvres, qui viennent par centaines prendre leur repas tous les midis à Akamasoa.

Enfin nous l’avons raccompagné avec le groupe des danseurs jusqu’à sa voiture. Et c’est là que nous sommes séparés de notre jeune et illustre hôte.