Il est d’une urgence capitale de refaire les 400 derniers mètres avant d’arriver à la décharge, qui sont à l’heure actuelle impraticables. Depuis plusieurs semaines, des camions remplis d’ordure attendent des heures devant l’entrée de la décharge, avant de pouvoir déverser leur chargement, quand l’heure les presse de repartir dans l’autre sens, chercher les tonnes d’ordures qui ensevelissent la ville.
Le simple bon sens dicte de refaire ce tronçon de route tout de suite, afin d’abord que les camionneurs ne cassent pas leur voiture et leurs ressorts, et ensuite qu’ils n’abîment pas les murs qui bordent la route, ces murs qui sont ceux de nos écoles. En début de semaine, un camion a ainsi détruit une dizaine de nos latrines après de malheureuses manœuvres.
Les petits responsables sur place sont dépassés par les ordures, ils ne savent plus quoi faire et s’en remettent à leurs chefs, lesquels viennent rarement sur le terrain, et, depuis leurs bureaux en ville, ne peuvent voir ce désordre et ce chaos. Car une fois rentrés à l’intérieur de la décharge, en effet, les camions pataugent dans 1/2 m de boue, perdant une nouvelle fois du temps, après l’attente, usant leurs pneus qui patinent, provoquant des bouchons. Et lorsqu’ils sont embourbés, il faut de nouveau attendre que les engins à chenilles les poussent par derrière pour les aider à sortir!
Nous avons écrit, le 5 janvier dernier, une lettre au directeur de la SAMVA (Service Autonome de Maintenance de la Ville d’Antananarivo), restée sans réponse jusqu’à ce jour. A plusieurs reprises, le père Pedro a dû, cette semaine, arrêter des camions de 15 tonnes qui roulaient à toute allure, levant des nuages de poussière sur la route, de telle façon qu’on ne voyait plus rien derrière eux, et cela se passait juste vers midi, alors même qu’un millier d’élèves sortaient des écoles. Il y a danger d’accident réel, et les jeunes sont obligés de respirer cette poussière pleine de saletés.
Père Pedro a dit à un de ces chauffeurs : « si ton enfant passait par ici, est-ce que tu soulèverais autant de poussière? irais-tu si vite? » Le chauffeur a reconnu que non. Le père lui a alors tendu une main, acceptée par le chauffeur, et il a ajouté : « nous ne cherchons pas la bagarre avec vous, parce que nous savons que vous faites votre travail. Mais nous devons quand même respecter la vie et la dignité de ces milliers d’enfants, en ce lieu qui est la seule voie d’accès à leurs écoles. » Le chauffeur a acquiescé; une petite bataille était gagnée !
Quelques jours auparavant, un porte-char venait chercher un gros engin à chenilles de 13 tonnes. Mais avant d’atteindre sa cible, le porte-char a sans réfléchir traversé sur 100 m un tronçon de route goudronnée, ce qui a bien sûr considérablement abîmé ce petit pan de route encore en bon état. L’érosion a ensuite fait son travail : après une semaine de pluies, on constate déjà de grosses ornières, que nous avons nous-mêmes remplies de pierres de la carrière d’Akamasoa.
Nous ne cesserons jamais de rappeler aux responsables de la SAMVA, leur devoir de respecter la population d’Andralanitra et de bien gérer cette décharge qui devrait être fermée depuis longtemps, si l’on en croit toutes les promesses des anciens présidents de la République.
Nous nous rendons compte aussi dans quel état délabré se trouve la ville d’Antananarivo avec toutes ces ordures qui ne sont pas ramassées en temps voulu, ce qui devrait être fait si on ne veut pas créer des maladies contagieuses et graves qui feront beaucoup de victimes. C’est pour cela que nous ne manifestons pas davantage notre mécontentement avec des manifestations qui rassembleraient des milliers d’élèves et leurs parents. Nous croyons toujours qu’on peut s’entendre pour que le bien de tous et le bien public soient respectés, et surtout la santé et la dignité des enfants.
Vous pouvez vous rendre compte de vous mêmes, avec ces quelques photos, dans quelles conditions travaillent les camions de la voirie. Il est temps d’agir parce que l’urgence le commande.