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Fête de la chandeleur, fête de la Lumière

Nous avons fêté ce mardi 2 février, dans le village à côté de la décharge, à Andralanitra, la fête de la lumière, qui a commencé vers 5h30 du matin.

Nous nous sommes réunis à un croisement de trois chemins face au dispensaire, et c’est là que nous avons fait la bénédiction des bougies. Puis nous sommes partis en procession vers la chapelle de la cité Akamasoa. En chemin, nous avons tout de suite été rejoints par une grande multitude et nous avons spontanément décidé de dire la messe au milieu de la rue, puisqu’il aurait fallu dix chapelles pour faire entrer cette foule. Nous nous donc sommes assis au milieu de la rue, et nous avons dit la messe dans le village Akamasoa.

Nous avons expliqué, durant l’homélie, le sens de cette fête : Jésus Lumière du monde, Lumière de chaque être humain, qui était présenté au Temple en ce jour. Nous aussi nous pouvons suivre l’exemple de Jésus et offrir nos enfants au Temple et à la lumière de Dieu. La coutume juive consistait à présenter le garçon premier né au Temple ; mais aujourd’hui, 2 000 ans plus tard, nous avons compris que garçon ou fille nous avons la même dignité, les mêmes droits et les mêmes devoirs. Cette coutume a été transformée par l’Esprit de l’Evangile, où le message est que Dieu aime tous les êtres humains, homme et femme, garçon et fille, et que devant lui il n’y a pas de prédilection : tous nous sommes égaux, tous nous avons la même dignité, jouissons de la même ressemblance et de la même image de Dieu, qui est Amour et seulement Amour.

Jésus qui était présenté comme enfant de 40 jours au Temple, ce Jésus là est revenu dans ce Temple de Jérusalem à 12 ans et il a enseigné aux scribes et aux pharisiens. Et quand il a commencé sa vie publique, il est revenu prier dans ce Temple et surtout, plus tard, il en a chassé les marchands, pris d’une sainte colère en voyant la maison de Dieu transformée en marché et en lieu commerce. Et à sa crucifixion, quand il est mort sur la croix, les centurions romains ont reconnu que cet homme était vraiment fils de Dieu, et dans le Temple de Jérusalem les rideaux se sont déchirés. Dieu a voulu manifester par ce geste qu’à partir de cette mort du Christ, le vrai Temple de Dieu, c’est chaque être humain et chaque personne qui reçoit la grâce de Dieu, le baptême, l’amour sans frontières de Dieu. Et c’est à partir de la résurrection, dans ce Temple intérieur que chaque être humain porte en lui-même, étincelle divine, essence de Dieu lui-même, Vie par excellence, que Dieu nous parle aujourd’hui.

Saisir dans son âme et son esprit cette grande nouveauté apportée par Jésus, est la plus grande révolution spirituelle que chaque homme et femme, enfants de Dieu, peut faire en lui-même, grâce à la liberté que Jésus nous a apportée par sa vie, sa parole, son message et son exemple.

C’est pour cela que ce matin, au bord d’une décharge, des milliers d’enfants, jeunes et adultes, se sont rassemblés pour célébrer cette fête de la Lumière, et très tôt ce matin nous avons senti une grande communion et une joie d’être ensemble, d’être tous illuminés par la parole de Dieu et par la parole qu’il nous offre tous les jours.

A chacun de nous de tendre et d’ouvrir sa main pour recevoir cette lumière et cette liberté de Dieu qui nous remplissent d’une joie qu’on ne peut pas expliquer. On peut parler d’une ivresse divine de joie en ressentant tant d’émotions dans un seul instant. Est-ce que cela n’est pas déjà une preuve de la présence de Dieu au milieu de nous ?

Voici quelques photos pour illustrer cette prière que nous avons faite au milieu de la rue, dans le village de la Cité Akamasoa.

Chers frères et sœurs, vivons ensemble dans cette liberté tellement chère aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui, et dans la Lumière qui nous unit dans une seule et même famille humaine.

Vive la Lumière, vive l’Humanité et vive la Fraternité !

Père Pedro

Messe du 24 janvier – Réflexions du père Pedro

Dimanche 24 janvier, la messe à Akamasoa a été célébrée encore une fois avec une grande joie, après deux dimanche où nous avions baptisé 419 petits enfants. L’église était pleine, bien que beaucoup de parrains et de marraines, venus de l’extérieur lors de ces deux dernières semaines, ne fussent pas revenus.

Dans notre église, nous venons de rehausser le toit et cela a donné plus de lumière à notre espace de prière et de rassemblement. Maintenant on peut voir cette multitude de frères et sœurs qui se réunissent tous les dimanches pour écouter la parole de Dieu et recevoir le corps du Christ.

L’évangile que j’ai lu ce dimanche concernait justement le début de l’action publique de Jésus : après son baptême dans le Jourdain, Jésus revient en Galilée dans sa ville natale de Nazareth et, le jour du Sabbat, il entre dans la Synagogue où on lui donne le livre d’Isaïe pour qu’il en fasse lecture. En ouvrant ce livre, il lit le passage où il est écrit : l’Esprit du Seigneur est sur moi, parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction, il m’a envoyé porté la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés et annoncer une année de grâce accordée par le Seigneur. Et Jésus d’ajouter : Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre (Lc 4, 18).

J’étais tellement heureux d’entendre ce message qui sera le programme de vie de Jésus, et que j’ai suivi dans la prêtrise. C’est ce Jésus ami des pauvres, ce Jésus libérateur, ce Jésus plein d’humilité et de courage qui apporte la liberté aux opprimés qui m’a séduit dès l’âge de 15-16 ans.

Ce dimanche, je suis allé m’asseoir au milieu de la foule, et c’est, comme Jésus l’a fait, parmi le peuple d’Akamasoa que j’ai fait mon homélie, les yeux fermés pour puiser davantage de concentration et comprendre plus profondément ces paroles de l’évangile. Je crois que cette première homélie de Jésus dans une synagogue, devant le peuple, est la plus courte de toutes les homélies qu’il prononcera. Un exemple pour nous les prêtres de ne pas rêver ni rajouter des phrases littéraires, théologiques ou même scientifiques, que nous faisons souvent pour séduire l’auditoire, quand en fait c’est l’Esprit Saint qui devrait nous inspirer et parler à travers nous. Quand l’Esprit parle, il suffit de quelques phrases bien concrètes tirées de la vie de tous les jours pour que les fidèles soient atteints dans leur cœur et leur esprit.

J’ai dit ensuite à mes 7 000 frères présents lors de cette Eucharistie : « Chers frères, quand il s’adressait à ses frères à Nazareth, Jésus n’avait aucun habit distinctif. Il n’est pas resté au pupitre pour s’adresser à la foule de haut en bas, mais il est allé s’asseoir au milieu du peuple dont il est sorti, pour leur dire : aujourd’hui les Ecritures se sont accomplies ».

Cette humilité de Jésus fils de Dieu fait homme, qui n’est pas venu avec la force du pouvoir, ni de l’argent, ni d’aucun prestige, mais avec la force de l’Esprit dont il était oint par Dieu, pour témoigner de la Vérité et de l’Amour.

Il me revient à l’esprit que le Dieu de Jésus est un Dieu qui nous surprend tout le temps, un Dieu qui voyage avec son peuple, un Dieu qu’on ne peut pas assigner à résidence définitive ni fixer dans aucun siècle ou retenir dans un temple, si beau soit-il, car aucun temple ne peut enfermer son Esprit d’amour et de liberté.

Et je ne peux pas oublier non plus les paroles de Jésus à la Samaritaine, ces paroles qui m’ont frappé dès le plus jeune âge : Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande (Jn 4, 21-23).

J’ai compris ce dimanche, assis au milieu de ce peuple de Dieu dont je fais partie, que la nouveauté apportée par Jésus a été si grande qu’aucune génération n’a pu la saisir ni la comprendre entièrement. Et cette nouveauté est rappelée à revivre à chaque génération, et ce jusqu’à la fin du monde, quand elle aura lieu.

Cette nouveauté, nous les baptisés au nom du Christ, nous ne l’avons jamais vraiment assimilée dans notre esprit et notre cœur, nous ne l’avons jamais mise totalement en pratique, parce que nous hésitons, nous avons peur et honte de ce que penseront et diront les gens ; parce que cela dérange aussi de s’exposer, parce que dénoncer les injustices provoque des exclusions, et que défendre les opprimés apporte des ennuis et des persécutions dont nos frères dans la foi, en Syrie et en Irak, témoignent, nous préférons faire profil bas et « avoir la paix ».

Ce Jésus nouveau qui apparaît dans cette lecture, nous le chercherons toute notre vie et les générations qui nous suivront feront de même.

Mais j’ai senti ce dimanche, avec ce peuple, une telle communion, une joie qu’il m’est difficile de décrire, mais que j’ai vécue durant presque 3 heures, durant le temps où nous avons ensemble écouté la parole de Dieu et célébré l’Eucharistie.

Avant de finir l’homélie, j’ai demandé à tous les frères et sœurs présents de mettre leur main droite sur l’épaule de leur frère d’à côté, et de constituer ainsi une chaîne d’amitié pour sentir que nous faisons tous, ensemble, le corps du Christ, l’Eglise vivante aujourd’hui, ici et maintenant. Un geste peut signifier quelques fois beaucoup plus que de longs discours l’unité. Et nous savons bien combien nous avons besoin de cette unité, de cette amitié et de cette communion durant l’Eucharistie. A ce moment, la joie des enfants et des fidèles présents était palpable, parce qu’un esprit planait au-dessus mais aussi à l’intérieur de chacun de nous.

C’est ainsi qu’à la fin de la messe, une sœur malgache, missionnaire à Cleveland (Etats-Unis), a dit, lorsqu’on lui a donné le micro : je me suis sentie ici comme au ciel. Une autre sœur, congolaise, de passage à Akamasoa a ajouté : je ne savais pas qu’un tel lieu existait, un lieu d’une telle joie. Et une famille française après la messe, devant la porte d’entrée : si en France il y avait autant de joie dans une messe, les gens reviendraient prier.

En toute humilité, je dirais à mes frères les prêtres : quand nous présidons l’Eucharistie, c’est par grâce, et seulement par grâce gratuite donnée par Dieu, sans aucun mérite de notre part.

Ce n’est pas nous les prêtres, mais Jésus qui réunit l’assemblée de frères et sœurs qui sont tous des disciples de Jésus baptisés en son nom, qui ont tous aussi reçu l’onction de Sainte Huile (SC), ce sacrement donné à tous les chrétiens, et qui a fait de ce peuple un peuple de prêtres, de prophètes, un peuple royal.

Pourquoi nous sommes-nous, nous les prêtres, si éloignés du peuple de Dieu, en créant un fossé entre le peuple et les prêtres, quand tous les deux ne font qu’un seul corps sans aucune distance ?

Cette distance n’était pas voulue par le Christ, mais ce sont nous les hommes qui l’avons créée, avec cette mentalité de culture païenne restée en nous. Beaucoup de cultes païens, en effet, se sont greffés à notre liturgie, et nous les avons sacralisés à l’extrême, faisant du peuple de Dieu un spectateur, qui regarde sans participer, qui ne vient là que pour accomplir une loi de présence au jour du Seigneur. Et c’est peut-être une des raisons qui expliquent que beaucoup d’églises se sont vidées de leurs fidèles, puisqu’on sentait si peu d’amitié, de fraternité et de communion dans nos Eucharisties.

Nous n’avons aucune formule magique pour attirer et convaincre les gens qui eux aussi sont éloignés de la grâce et de l’amour de Dieu, les tentations sont grandes, celles de l’argent, du pouvoir et du sexe mal compris, qui nous font tous pencher vers l’égoïsme, le chacun pour soi et l’indifférence, et qui forment ensuite des personnes qu’il est difficile de tourner vers la prière et l’adoration du Dieu d’Amour.

Chacun, nous les prêtres et chaque fidèle, nous avons besoin de la conversion personnelle pour suivre Jésus. Jamais et nulle part dans le monde, il ne sera facile d’attirer les gens à accepter et vivre l’évangile. Car il y a toujours un renoncement de soi-même à faire, un effort d’acceptation de l’autre comme son frère, même d’autres race, culture et civilisation, ainsi qu’un don de sa vie pour celui qu’on aime ; et cela ne sera jamais facile.

Mais nous savons par expérience que là où il y a la joie, la participation, le partage des richesses et la fraternité, les gens viennent d’eux-mêmes. Mais cette joie, cette fraternité se créent avec beaucoup d’imagination et d’efforts, d’incompréhension et de douleur.

Jésus est passé par là, il a été contesté, insulté, incompris, mais il a persévéré jusqu’à la croix, où il a souffert et assumé tous les maux qui attaquent l’être humain. Il a vaincu dans sa propre chair le mal qui est l’adversaire redoutable de tout être humain.

Et c’est à partir de sa résurrection que tout a changé, parce que tous nous sommes sauvés par cette résurrection qui nous a été donnée gratuitement comme un don d’amour de Dieu pour chacun de ses enfants, ces enfants que nous sommes. Et cette résurrection que nous célébrons chaque dimanche doit vraiment ressembler à une communauté de ressuscités : une telle communauté a un visage heureux, radieux, plein de joie et d’espérance, de fraternité et amour, tout cela doit se lire sur les visages des frères et sœurs présents. Bien sûr cela peut n’être que de beaux souhaits, mais il y a des endroits sur notre terre où ces communautés existent.

C’est ce que nous essayons de faire à Akamasoa, avec des jeunes, des enfants et des adultes, avec tous les frères et sœurs touristes qui viennent de différentes nations, chaque dimanche, depuis 20 ans. Et chaque dimanche, c’est une nouvelle liturgie, une nouvelle vie de Dieu que nous essayons de vivre et de comprendre dans notre cœur et notre esprit.

Chaque dimanche, on vit la nouveauté de la parole de Dieu et de l’Esprit de Jésus à Akamasoa.

En toute humilité et simplicité, nous vous disons comme Jésus a dit à ses apôtres : venez et voyez.

Père Pedro

 

 

Finale de basket à Andralanitra

 

Dimanche 24 janvier, nous avons eu le plaisir d’assister à la finale d’un championnat de basket qui se déroulait sur notre terrain d’Andralanitra!

Depuis plusieurs semaines, chaque dimanche, des équipes, dont une pour Akamasoa, s’affrontaient sous les yeux de spectateurs toujours nombreux.

L’ambiance était au rendez-vous ce dimanche, le match très disputé, mais dans un grand respect et un esprit sportif.

Le père Pedro assistait à la finale et il a distribué le trophée aux vainqueurs, et serré les mains des vaincus et des vainqueurs !

Les élèves du Père Pedro

Mardi 26 janvier, accompagné de Mlle Clara qui prenait des photos, je suis monté au 4e étage de l’école primaire d’Andralanitra, afin de voir l’endroit où les camions déversent leurs ordures et où en étaient les travaux entrepris dernièrement par la société responsable des ordures (Samva) pour résoudre ce problème d’accès à la décharge et de déversement des déchets face à notre école, qui a produit tant d’odeurs nauséabondes pour nos élèves ces dernières semaines.

En passant à côté des 3 classes de 8e, je n’ai pas pu résister à l’envie de rentrer saluer les enfants qui à travers les fenêtres me saluaient déjà de la main. L’instant où je suis entré dans une classe, les enfants se sont levés en disant « bonjour mon père, bonjour Mlle », tout cela avec un grand respect et une grande joie. Les institutrices les ont ensuite fait asseoir et ils nous ont remercié pour la visite que nous leur rendions.

J’avais devant moi des visages illuminés par la joie d’étudier, des yeux qui manifestaient une grande soif d’apprendre, et en même temps la joie d’être visités et encouragés. Sur le tableau noir, il y avait une leçon de géométrie et de mathématiques, et, de l’autre côté, une leçon de SVT sur les dents. J’ai demandé si quelqu’un voulait bien lire en français le texte sur les dents, et immédiatement des dizaines de mains se sont dressées. L’institutrice a donné la parole à 1 garçon et 2 filles pour lire ce texte et ils l’ont lu avec beaucoup de sérénité, sans aucune gêne, et une bonne prononciation. Puis toute la classe a lu un autre texte en français sur une jeune fille malade, du nom de Céline. Personnellement, j’étais déjà surpris qu’à l’âge de 9 ans, des enfants comprennent si bien le français, qui reste pour eux une langue étrangère.

Voyant cet enthousiasme et cette envie d’apprendre, cet état d’esprit plein de sérénité, de bonté, devant ces yeux assoiffés d’instruction et de progrès, je me suis demandé comment il était possible que ces enfants de la primaire changent si vite quand ils arrivent au collège. Les enfants que j’avais devant moi étaient des enfants vrais, qui croyaient à leur futur et aux paroles de leur institutrices. On sentait entre eux un grand respect et une grande discipline régnait dans la classe, qui comptait pourtant 68 enfants, assis par trois sur des tables-bancs faites pour deux, dans une salle de 6m par 7, soit 42m2. Et pourtant, malgré cette relative exiguïté, tout le monde était très à l’aise et très respectueux de ses camarades.

Je les ai remerciés et encouragés à continuer dans cet état d’esprit, leur disant : vous êtes l’espoir de Madagascar, vous êtes l’espoir d’Akamasoa, et ils ont répondu avec un grand sourire et de grands applaudissements.

Quand on voit ces enfants, dans quel état d’esprit ils sont, on se dit que ce pays a toute l’espérance devant lui ; mais on se demande aussi pourquoi, depuis si longtemps, pour ma part après 46 ans de présence à Madagascar, ce pays s’enfonce continuellement dans la pauvreté.

Et la question se pose d’abord au niveau des enfants, et de l’éducation. C’est ce que je disais à Mlle Clara en sortant de la salle classe: tu vois quelle beauté a cette classe où l’on voit des enfants désireux d’apprendre, heureux de s’instruire ; pourquoi donc changent-ils après, une fois qu’ils grandissent ? C’est une grande question que l’on continuera d’explorer avec nos 350 éducateurs et instituteurs.

Père Pedro

La pharmacie d’Andralanitra, par Père Pedro

Mardi 26 janvier, je suis passé voir les enfants à la maternelle d’Andralanitra, alors qu’ils se reposaient, entre 2 et 3 heures de l’après midi, comme on le voit sur la photo, et qu’ils dorment comme des petits anges sur des nattes, sous le regard de l’institutrice.

Au retour, j’ai vu la pharmacie centrale d’Akamasoa, où Mlle Honorine, la 1ère responsable, était en plein travail. Je n’ai pas pu m’empêcher de prendre quelques photos de son travail si beau, si organisé et soigné dans la façon qu’elle a d’arranger tous les médicaments par catégories. J’ai vu là aussi Mlle Véronique, qui la seconde, Mme Baoly et Pierre notre étudiant de 3e année en médecine, à Majunga, qui, avec beaucoup de joie, vient apporter un coup de main lorsqu’il est en période de vacances, et profite en même temps pour se familiariser avec les médicaments et la façon de gérer une pharmacie.

Je suis heureux de voir ces jeunes du pays qui prennent si au sérieux leurs responsabilités et leur travail de bien gérer ces médicaments qui vont sauver des vies humaines. D’abord, de les gérer en conscience, c’est-à-dire de ne pas ranger une partie et de cacher l’autre pour faire de la corruption et des ventes illicites. Ensuite, d’aimer les choses bien organisées, afin de vite trouver les médicaments lorsqu’on en a besoin, et en même temps de soigner la propreté de leur pharmacie. C’est souvent avec plaisir que j’invite des médecins, de passage à Akamasoa, à regarder cet état des choses, comment des responsables de la pharmacie répondent avec responsabilité et hauteur à la confiance qui leur est faite.

Un proverbe malgache dit : soa fianatra, tout ce qui est beau, on peut l’imiter. C’rst par ce qui est beau, vrai et juste, qu’on s’encouragera les uns les autres à sortir de cette grande corruption qui existe au niveau national dans le domaine de la santé. L’Union Européenne, il y a moins deux semaines, a fait une critique même pas voilée en disant que beaucoup de médicaments ne sont pas gérées de façon à être à la portée de la population qui souffre de nombreuses maladies, et qui traîne à se faire soigner, car l’accès aux médicaments , pour beaucoup de citoyens, reste inaccessible.

Mlle Honorine, notre responsable santé, va souvent dans tous les dispensaires et CSB II Akamasoa, voir comment les médicaments sont gérés, organisés et distribués aux malades. Distribués surtout, car chaque malade participe avec une caisse maladie à l’acquisition de ces médicaments.

Je pense que voir une pharmacie si bien rangée et si bien gardée donne du courage et de l’espoir pour les malades.

Père Pedro

La route de la décharge d’Andralanitra – URGENCE !

A l"intérieur de la décharge, les camions pataugent dans la boue, juste en face de l'école primaire d'Akamasoa Andralanitra

A l »intérieur de la décharge, les camions pataugent dans la boue, juste en face de l’école primaire d’Akamasoa Andralanitra

A l'intérieur de la décharge, les camions pataugent dans la boue, juste en face de l'école primaire d'Akamasoa Andralanitra

IMG_7150Il est d’une urgence capitale de refaire les 400 derniers mètres avant d’arriver à la décharge, qui sont à l’heure actuelle impraticables. Depuis plusieurs semaines, des camions remplis d’ordure attendent des heures devant l’entrée de la décharge, avant de pouvoir déverser leur chargement, quand l’heure les presse de repartir dans l’autre sens, chercher les tonnes d’ordures qui ensevelissent la villeA l"intérieur de la décharge, les camions pataugent dans la boue, juste en face de l'école primaire d'Akamasoa Andralanitra.

Le simple bon sens dicte de refaire ce tronçon de route tout de suite, afin d’abord que les camionneurs ne cassent pas leur voiture et leurs ressorts, et ensuite qu’ils n’abîment pas les murs qui bordent la route, ces murs qui sont ceux de nos écoles. En début de semaine, un camion a ainsi détruit une dizaine de nos latrines après de malheureuses manÅ“uvres.

Les petits responsables sur place sont dépassés par les ordures, ils ne savent plus quoi faire et s’en remettent à leurs chefs, lesquels viennent rarement sur le terrain, et, depuis leurs bureaux en ville, ne peuvent voir ce désordre et ce chaos. Car une fois rentrés à  l’intérieur de la décharge, en effet, les camions pataugent dans 1/2 m de boue, perdant une nouvelle fois du temps, après l’attente, usant leurs pneus qui patinent, provoquant des bouchons. Et lorsqu’ils sont embourbés, il faut de nouveau attendre que les engins à chenilles les poussent par derrière pour les aider à sortir!

Nous avons écrit, le 5 janvier dernier, une lettre au directeur de la SAMVA (Service Autonome de Maintenance de la Ville d’Antananarivo), restée sans réponse jusqu’à ce jour. A plusieurs reprises, le père Pedro a dû, cette semaine, arrêter des camions de 15 tonnes qui roulaient à toute allure, levant des nuages de poussière sur la route, de telle façon qu’on ne voyait plus rien derrière eux, et cela se passait juste vers midi, alors même qu’un millier d’élèves sortaient des écoles. Il y a danger d’accident réel, et les jeunes sont obligés de respirer cette poussière pleine de saletés.

Père Pedro a dit à un de ces chauffeurs : « si ton enfant passait par ici, est-ce que tu soulèverais autant de poussière? irais-tu si vite? » Le chauffeur a reconnu que non. Le père lui a alors tendu une main,  acceptée par le chauffeur, et il a ajouté : « nous ne cherchons pas la bagarre avec vous, parce que nous savons que vous faites votre travail. Mais nous devons quand même respecter la vie et la dignité de ces milliers d’enfants, en ce lieu qui est la seule voie d’accès à leurs écoles. » Le chauffeur a acquiescé; une petite bataille était gagnée !

Quelques jours auparavant, un porte-char venait chercher un gros engin à chenilles de 13 tonnes. Mais avant d’atteindre sa cible, le porte-char a sans réfléchir traversé sur 100 m un tronçon de route goudronnée, ce qui a bien sûr considérablement abîmé ce petit pan de route encore en bon état. L’érosion a ensuite fait son travail : après une semaine de pluies, on constate déjà de grosses ornières, que nous avons nous-mêmes remplies de pierres de la carrière d’Akamasoa.

Nous ne cesserons jamais de rappeler aux responsables de la SAMVA, leur devoir de respecter la population d’Andralanitra et de bien gérer cette décharge qui devrait être fermée depuis longtemps, si l’on en croit toutes les promesses des anciens présidents de la République.

Nous nous rendons compte aussi dans quel état délabré se trouve la ville d’Antananarivo avec toutes ces ordures qui ne sont pas ramassées en temps voulu, ce qui devrait être fait si on ne veut pas créer des maladies contagieuses et graves qui feront beaucoup de victimes. C’est pour cela que nous ne manifestons pas davantage notre mécontentement avec des manifestations qui rassembleraient des milliers d’élèves et leurs parents. Nous croyons toujours qu’on peut s’entendre pour que le bien de tous et le bien public soient respectés, et surtout la santé et la dignité des enfants.

Vous pouvez vous rendre compte de vous mêmes, avec ces quelques photos, dans quelles conditions travaillent les camions de la voirie. Il est temps d’agir parce que l’urgence le commande.

 

 

Un lazariste revient après 21 ans !

Mercredi 13 janvier, nous avons eu la joie de retrouver le père Thomas Lunot, lazariste de la congrégation Saint Vincent de Paul, qui achève un séjour de quelques semaines à Madagascar. Sa dernière venue à Akamasoa remonte à 1995 ! Il a pu témoigner des changements qui ont eu lieu depuis.

« Le travail accompli est gigantesque, nous dit-il. La dernière fois que je suis venu, il n’y avait que des habitations éparses sur la colline. Beaucoup de maisons étaient encore en bois; on sentait la nature toute proche. »

« Aujourd’hui, c’est une vraie cité, avec toutes ces maisons de briques, ces rues, et cette organisation. Quel travail! C’est une preuve de l’existence de Dieu qu’il faudrait montrer à Aristote! »

C’est l’occasion aussi de parler des changements accomplis sur les personnes.

« On a du mal à imaginer, poursuit-il, que toutes ces personnes viennent de la rue et de la décharge. Ce qui se lit sur leurs visages, c’est la paix, la sérénité, la joie. »

Le père Lunot était venu accompagné du frère malgache Philibert, lazariste travaillant à Antananarivo. Nous avons eu la joie de partager ensemble le repas.

Voilà un beau témoignage en faveur du travail réalisé par Akamasoa et du combat pour la dignité humaine entamé il y a 27 ans !

Finale de football à Akamasoa !

 

 

Dimanche 10 janvier 2016, à 14h30, nous avons joué la finale de la coupe de Noël; 12 équipes y participaient ! Et parmi elles, on compte toujours des équipes de l’extérieur d’Akamasoa. Cette année, 2 équipes d’Akamasoa jouaient la finale, encadrées par 3 arbitres, qui sont nés et ont grandi à Akamasoa, ont ensuite été formés par la fédération nationale malgache et exercent désormais leurs services dans nos championnats internes.

Le match était d’une grande intensité, avec de la pugnacité de part et d’autre. Le score fut 1 à 1 et la coupe fut remportée aux penaltys par l’équipe de Mr Dolphe, en maillots argentins ! La rencontre s’est finie par des accolades fraternelles, et les quelques altercations du  match furent oubliées!

Maintenant nous préparons le grand tournoi pour la coupe du 26 juin, à laquelle participeront 20 équipes, dont plus de la moitié viennent d’Antananarivo.

Ce terrain, sis dans les collines de Bemasoandro, fait 1,5 hectare, est entièrement destiné aux sports : football, athlétisme, handball, rugby, basket… Depuis 4 ans

NOUS CHERCHONS UN SPONSOR

pour mettre une pelouse synthétique, qui ferait la joie des dizaines de milliers de jeunes qui aiment le sport. Vu la localisation de ce stade, on peut voir la moitié d’Antananarivo, l’air y est pur, l’endroit est vraiment superbe! C’est un lieu où beaucoup de personnes viennent se détendre en famille. Et Nous avons déjà construit une tribune pour quelques 3 000 personnes.

La partie est de la ville d’Antananarivo manque crûment de lieux de sport. Les nôtres sont toujours ouverts à toutes les bonnes volontés, à condition qu’on respecte la discipline demandée par Akamasoa, c’est-à-dire : l’amour du sport, le respect de l’autre, l’interdiction de s’insulter et d’insulter son adversaire, l’interdiction d’apporter des boissons alcooliques et de la drogue. Nous pensons en effet que le sport sert à développer ses propres capacités physiques, montrer ses qualités, et en même temps passer un moment joyeux et fraternel avec tous ceux qui aiment le sport.

Si nous nous sommes engagés autant dans le sport, c’est que nous avons 13 000 enfants, et pour un jeune, c’est un besoin de pouvoir pratiquer le sport de son choix, cela fait partie de sa formation humaine, c’est bon pour son corps, pour son mental et pour son esprit !

Vive le sport !

NOTE : Et cette année nous allons inaugurer un petit centre sportif à Bemasoandro! Ce sera l’occasion de reparler de ce lieu, photos à l’appui !

Baptêmes à AKAMASOA !

Chers amis  !

Voici les photos des baptêmes des 187 petits enfants à Akamasoa, ce dimanche 10 janvier !

C ‘était une très belle  fête et on  a vécu un moment d’une grande joie spirituelle !

Il y avait  8.000 fidèles présents !

Dimanche prochain nous allons faire un autre grand baptême de 210 petits enfants !

Nous avons une préparation des parents et  parrains d’ un mois et demi pour approfondir la foi et le sacrement du baptême !

Nous pouvons  dire que la foi est vivante, mais il ne faut pas s’endormir debout …!

Puissent tous ces enfants devenir des lumières pour notre  monde !

Le père  Albanao Passarotto, lazariste italien m’a aidé lors de cette cérémonie !

Ce missionnaire travaille à Madagascar depuis 49 ans !

Fraternellement !

P. Pedro