La situation à Madagascar

« Après plus de deux ans de transition politique, les nouvelles structures politiques de la troisièmes république ne sont pas encore toutes en place et aucune mesure d’envergure n’a été prise jusqu’à maintenant en faveur des plus défavorisés.
 
Nous voudrions souligner avec force Le problème crucial de l’habitat trop souvent oublié et qui touche toutes les couches de la population : construire sa maison est un rêve impossible pour la majorité des citadins même pour les classes moyennes. Plus de la moitié des familles vit en location dans des maisons malsaines, surpeuplées, sans eau courante ni latrines et dont les loyers ne cessent d’augmenter.
 
Quant aux plus pauvres, l’absence de reprise économique, la montée des prix et les conditions de vie toujours plus précaires en poussent un nombre croissant à la rue et nous avons malheureusement dépassé depuis longtemps le chiffre fourni par l’Unicef en 1990 de 250 000 personnes en situation précaire dans la capitale.
 
Ce dur constat ne doit pas nous décourager st s’il est vrai que seule une véritable reprise économique couplée à une politique sociale d’envergure au niveau national permettra de résoudre globalement et durablement les problèmes de la misère à Madagascar, Akamasoa, à son niveau et avec ses moyens continuera d’être aux côtés des familles sans abris qui continuent d’affluer dans notre centre.
 
Nos objectifs pour ces familles sans abri restent les mêmes ainsi que nos méthodes d’intervention.
 
Notre but est de rendre ces familles socialement et financièrement autonomes grâce à :

  • L’accueil des familles puis leur équipement et leur installation définitive dans des villages où chaque famille construit sa propre maison.
  • La mise en place d’infrastructures communautaires (dispensaires, écoles, etc.) dans les villages de réinstallation.
  • La scolarisation des enfants et la formation professionnelle des adultes.
  • La création d’emplois rémunérateurs.

Les actions entreprises reposent sur la responsabilisation des bénéficiaires et leur participation tous les travaux qui les concernent : construction des bâtiments communautaires et des maisons individuelles, travail sur les postes créés, participation aux tâches communautaires et aux différents ateliers …
 
 
Conclusion
 
Nous avons conscience que malgré nos efforts et la volonté de la majorité de nos bénéficiaires, beaucoup d’étapes restent à franchir avant un véritable retour à l’autonomie.
 
Cela tient pour une part aux moyens limités dont dispose notre association par rapport à la multitude des aides et des activités à mettre en œuvre et à l’arrivée régulière de nouvelles familles. Nous tentons de satisfaire les besoins fondamentaux des plus fragiles : enfants, malades, vieillards, femmes abandonnées. A tous nous offrons les infrastructures minima : écoles, crèches, dispensaires. Si ces services nous paraissent indispensables à toute personne humaine nous sommes également soucieux de ne pas créer une situation d’assistanat permanent ; c’est pourquoi, aux adultes valides nous offrons la possibilité de revenus monétaires sur des postes de travail (que nous n’avons pas encore pu diversifier et spécialiser, faute de moyens pour la formation et l’encadrement individuel). Ces revenus, s’ils sont encore loin de permettre aux travailleurs de se prendre intégralement en charge, assurent déjà une partie de leurs besoins.
 
Nos difficultés tiennent aussi aux problèmes humains dans nos villages : l’alcool, la drogue et la délinquance deviennent des problèmes cruciaux à Madagascar, problèmes encore plus aigus au sein de la population des sans abri. Les comités villageois créés par les familles réussissent la plupart du temps à faire respecter la discipline communautaire et le respect mutuel nécessaire. Dans certains cas, cependant, une intervention extérieure plus radicale serait nécessaire mais, faute de moyens du côté des forces de l’ordre, des comités de surveillance ont été mis en place dans les villages par les familles elles-mêmes.
 
Nos difficultés tiennent enfin, et pour beaucoup, à une situation économique et sociale catastrophique sur laquelle nous n’avons aucune prise et dont nous subissons les conséquences : paupérisation de couches croissantes de la population, absence de reprise économique, qui rendent encore plus difficile la réinsertion économique des plus démunis.
 
La priorité de nos priorités est l’éducation et la scolarisation des enfants qui est pour nous sur le long terme la base du développement et du progrès. C’est pourquoi nous avons ouvert de nouvelles salles de classe et entamé la première année de second cycle dans un de nos villages.
 
Nous souhaitons rester disponibles au plus grand nombre et continuer d’accueillir de nouvelles familles car l’expérience acquise nous a fourni la force et la compétence nécessaires.
 
Nous devons donc à la fois répondre à l’urgence et travailler dans le long terme et les moyens (manque de terrains, de travailleurs sociaux, de finances) nous font encore défaut pour éviter de mélanger ceux qui arrivent de la rue et ceux qui sont en voie de réinsertion.
 
Mais malgré la complexité de nos tâches quotidiennes, la tristesse devant les échecs individuels, la morosité de notre environnement économique, la dignité et l’espoir retrouvés par la majorité de nos familles suffisent à eux seuls à préserver intact notre force et notre détermination à rester, plus que jamais, à leurs côtés. »