L’année va se terminer bientôt

« L’année 1998 va se terminer bientôt, et nous sommes heureux de vous présenter ici le bilan des activités entreprises par notre association le long de l’année. Etant citoyens à part entière, nous sommes donc concernés par tout ce qui se passe tant au niveau politique, qu’économique et social.
 
Après le vote pour la nouvelle constitution, cette année nous avons fait l’élection législative avec beaucoup de surprises. Et actuellement, nous sommes en train de mettre en place les provinces autonomes pour une décentralisation effective et une intervention rapide sur tous les problèmes.
 
Socialement, nous n’avons pas constaté d’amélioration, nous avons notre centre d’accueil qui nous sert de thermomètre de la situation sociale dans notre pays.
 
Les gens qui demandent de l’aide auprès d’Akamasoa proviennent en majorité de la ville d’Antananarivo (plus de 53%), viennent après ceux de Vakinakaratra, la région montagneuse au sud de la capitale (plus de 14%), et le reste est composé, en forte proportion, des gens de l’Est de d’l’île, du Sud, et de Manjakandriana.
 
Les faits majeurs qui sont à l’origine de la déchéance familiale sont l’inflation et le chômage, faits qui ont provoqué chez beaucoup de gens la perte du pouvoir d’achat, les obligeant à dormir dans la rue (16% des cas), ou leur laissant encore des ressources, mais pas assez pour subvenir au quotidien. Le plus dur à penser, c’est que des femmes avec leurs enfants (11%) sont abandonnées par leur mari.
 
En analysant plus finement les raisons qui poussent les gens à demander de l’aide, ceci en séparant les raisons internes et externes à la personne, on constate que 88% des problèmes viennent de facteurs externes à la personne et comme principale cause l’insuffisance de ressources financières (38%). Le reste est dû à des problèmes de chômage entre autres. Du côté facteur interne à la famille, la principale cause est le nombre élevé d’enfants.
 
Cette année nous avons vu défiler 2850 familles nécessiteuses. Chaque famille a son problème qu’il faut régler d’une façon ou d’une autre. Nous avons constaté une nette augmentation de la demande mais faute de moyens, nous étions obligés de refuser et nous n’avons pu accueillir que 45 familles nouvelles jusqu’à maintenant. Nous avons reçu les plus démunies et ceux qui nécessitent immédiatement de secours d’urgence. Nous ne pouvons plus agrandir sur Antananarivo. Nous avons donc élargi notre site d’intervention dans la région du Sud-Est de Madagascar et dans la brousse de Fianarantsoa II notamment dans les communes d’Alakamisy-Ambohimaha et de Safata.
 
 
Conclusion
 
Nous savons une fois de plus, combien il est difficile de lutter contre la pauvreté mais quand on regarde ce qu’on a fait l’année dernière, nous constatons que nous avons gagné la crédibilité auprès de nos bailleurs pour la continuité de nos actions et réduire ainsi la pauvreté.
 
L’année prochaine, nous entamons notre dixième année d’existence, et c’est pourquoi nous avons demandé à avoir une Attestation d’Utilité Publique pour notre association, nous avons la confiance que le Gouvernement va nous donner cette attestation en faveur du travail réalisé pour les sans-abri.
 
Par ailleurs, nous avons constaté une amélioration en ce qui concerne la mentalité des sans-abri et les anciens sans-abri sur les questions d’hygiène, de propreté, de discipline, de prise de conscience. Une nette augmentation du taux de scolarisation, cela signifie que les parents sont conscients pour l’éducation et l’avenir de leurs enfants. C’est déjà une chose très positive.
 
Par contre, nous voulons insister sur le problème de l’insécurité et l’ordre public, nous sommes actuellement face à une recrudescence des actes de banditisme partout dans les campagnes. Ce phénomène va donner un effet néfaste sur la vie socio-économique des paysans et tout ceci entraînera le désespoir et le découragement de ceux qui travaillent dur pour vivre. Le problème de sécurité est primordial pour le redressement social et économique du pays.
 
Nous restons ouverts à toutes les initiatives qui viennent des autres organismes si nous voyons que cela profitera directement à la population.
 
Nous avons assisté à des formations qui ont été données à des responsables d’ONG et nous voulons souligner que ces formations se passent d’une façon théorique, loin des besoins de la population et qu’après on voit rarement des actions concrète et efficaces en faveur des familles et des enfants de rue.
 
Pour l’année prochaine, les 147 volontaires et les comités villageois sont confiants, mais sans tomber dans la naïveté, qu’on peut progresser à force d’avoir la volonté, la ferme conviction, le sens de la discipline, l’espoir pour l’avenir et la détermination pour vaincre tous les obstacles inhérents à la pauvreté. »