Le Grand Jubilé de l’Eglise

« Le Grand Jubilé de l’Eglise nous a invités à fêter, tout au long de cette année, avec tous les hommes, nos frères, le deux millième anniversaire de la naissance de Jésus, l’Emmanuel « Dieu avec nous ». Oui ! Dieu marche avec nous ; sa paix, qui est joie et force, accompagne Madagascar et Akamasoa.
 
Madagascar en marche
 
Les amis de Madagascar (bailleurs de fons et tant de bienfaiteurs) sont aux côtés du Pays, encourageant ses efforts pour plus de rigueur dans la gestion des affaires publiques, pour soutenir la croissance économique et vaincre la pauvreté qui frappe les trois quarts de la population. Le chemin qui sortira le Pays de sa dramatique misère sera très long. Nous prions Dieu pour qu’Il éclaire davantage encore tous les responsables publics et privés, afin qu’ils travaillent avec dévouement et passion au bien-être de tous les malgaches.
 
Des calamités ont assailli le Pays : trois cyclones et la reprise de l’épidémie de choléra. Ces cyclones ont durement frappé, en particulier le Nod-Est de la Grande Ile, ruinant des milliers de familles et détruisant de nombreux services sociaux. Le choléra qui a endeuillé nombre de familles, principalement dans les grandes villes, est aussi venu aux portes des villages d’Akamasoa.
 
A la suite des élections municipales de novembre 99, de nombreuses nouvelles équipes communales se sont attelées à la tâche du développement économique et social de notre Pays. C’est l’occasion de mentionner les confiantes et constructives relations que monsieur le Maire de la commune d’Ambohimangakely et notre Association ont rapidement nouées.
 
 
Conclusion – L’ESPRIT ET LA VOCATION D’AKAMASOA
 
Nous travaillons avec des personnes qui ont vécu la plus grande violence ; celle de l’extrême misère, celle de la déchéance physique et morale, celle des bagarres de la rue pour survivre. Nombre de ces gens vivaient il y a onze ans sur et autour de la décharge d’ordures ménagères d’Andralanitra ; ils ne communiquaient pas entre eux et cédaient à l’instinct de la plus grande et quasi-sauvage brutalité. A force de patience, nous sommes parvenus à ce que ces personnes recommencent à communiquer humainement. Un début de confiance timide a commencé à s’établir. Il a fallu un temps quasi-infini pour que ces personnes se ré-humanisent – cela a été possible en humanisant leur lieu de vie. Là où il y avait l’anarchie, nous avons pu mettre plus de discipline et augmenter le sens de la RESPONSABILITE ! Ce travail 26 s’est aussi passé en mettant des milliers d’enfants à l’école ; là où responsabilité et respect d’autrui s’apprennent.
 
Ce travail est souvent à recommencer parce que ces personnes ont tant souffert qu’il faut du temps pour se guérir de la violence. Nous dépensons encore chaque jour des heures à rétablir la paix pour que ces personnes consolident des relations pacifiques et de civilité.
 
Aujourd’hui, nous pouvons affirmer qu’il n’y a plus de problème de sécurité au sein de nos villages. Tout le monde peut aller où il veut et un comité composé de représentants de chaque village assure la sécurité.
 
Le temps joue en notre faveur. En onze ans de combats et d’espoirs, nous avons acquis la conviction que nos efforts dans le domaine de l’éducation, de la santé et de la prise de conscience des responsabilités, porteront un jour leurs fruits. Souvent les responsables et les autorités ont peur d’exiger plus d’honnêteté, plus de volonté de changement des mauvaises habitudes qui ont envahi la vie quotidienne. C’est regrettable. Quand nous exigeons des efforts de nos gens, ils se révoltent. Nous sommes souvent en conflit. Mais nous ne pouvons oublier d’où ils viennent et tout le chemin qu’ils ont parcouru. Il est très dur, car parfois à la limite du supportable, de rester avec patience et amour auprès de ceux qui vous insultent.
 
Parce que de l’argent est donné aux associations et aux ONG qui se battent au quotidien avec les populations les plus défavorisées, il faudrait que nos actions conduisent à des réussites totales et sans aucun risque d’échec. Notre expérience prouve chaque jour qu’il ne suffit pas de produire des rapports d’exécution bien ficelés pour démontrer qu’un projet a réussi. L’une des forces d’Akamasoa est d’être engagée totalement auprès de cette population, de chercher toujours l’esprit de sacrifice, d’abnégation et de don de soi. Ceci n’est pas toujours bien compris des bailleurs qui aident généreusement Akamasoa. Il y a aussi souvent des incompréhensions avec les bailleurs qui attendent, sinon exigent, que des résultats rapides soient obtenus pour éduquer et apprendre à travailler aux personnes venues de la rue et des décharges d’ordures.
 
A notre avis, il faut que nous trouvions toujours de nouvelles formes de partage équitable et juste de l’aide pour que l’on ne tombe pas dans l’assistanat permanent. De nombreux bailleurs ont compris les fruits de notre expérience et nous travaillons, en confiance, pour monter des projets souples, adaptés à chaque région, et à chaque couche de la population, et avec la plus grande participation des bénéficiaires et les autorités locales. Notre expérience de développement rural à Fianarantsoa nous assure que cela est possible.
 
Nous entamons la nouvelle année et nous entrons également dans un nouveau millénaire avec la même foi, la même conviction et le même enthousiasme qui nous animent depuis le début, mais plus enrichis d’une expérience qui nous empêchera de prendre de fausses routes dans l’avenir. Nous savons aussi que ces 27 milliers d’enfants et de familles ne peuvent pas rester à mi-chemin et nous n’avons pas le droit de les laisser. Nos portes sont toujours ouvertes à toutes personnes qui veulent réussir dans la vie et nous remercions vivement tous les bailleurs, partenaires et les personnes de bonne volonté qui restent avec nous dans ce combat contre la misère et pour retrouver la dignité humaine. »