Situation mondiale difficile

« Chers amis, chers bienfaiteurs !
 
Encore une fois nous sommes face à vous, pour vous rendre compte de nos travaux et de nos efforts durant l’année 2009. Nous sommes toujours en première ligne dans ce combat contre l’extrême pauvreté et pour redonner la dignité des plus pauvres au sein d’Akamasoa!
 
Une année finalement passée assez vite. Surtout quand vous avez tant de choses à faire et à construire pour donner un peu d’espérance tangible pour les plus pauvres qui sont fatigués d’attendre leur part de progrès de notre Terre !
La situation financière mondiale reste difficile et la crise politique à Madagascar se prolonge à cause de la cupidité de certains politiciens qui ne pensent qu’à eux-mêmes ! Il existe des politiciens qui pensent : « après moi le déluge ! », il est temps, aujourd’hui, de dénoncer ce genre de personne ! Un pays qui est si pauvre, on parle de 80 % de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté, est un pays qui a une population meurtrie et affamée ! Ces millions d’êtres humains pris en otage par leurs politiciens sans scrupule, est une aberration et une injustice qui crient au Ciel !
 
Quand vous voyez ces millions d’enfants malagasy qui ont un avenir incertain parce que les dirigeants les ont conduits dans un tunnel bouché et sans issue, cela vous fait mal au cœur !
 
Après 40 ans de vie dans ce beau pays qu’est Madagascar et au milieu de cette population accueillante et naturellement bonne, je me demande comment les politiciens de ce pays ont pu appauvrir ainsi leur peuple et le mettre à genou, seulement pour s’enrichir eux-mêmes et leurs familles !
 
Malgré cette situation dramatique pour la plus grande partie de la population de Madagascar, nous avons voulu apporter notre goutte d’espérance comme tant d’autres associations et tant d’autres missionnaires, et ce, dans toute l’étendue du pays !
 
Bien sûr que les citoyens de Madagascar sont déçus de leurs hommes politiques qui les mènent par le bout du nez avec des promesses jamais accomplies, des tricheries, un peu d’argent et un peu d’alcool. Ils ont acheté leurs votes ! A chaque fois qu’ils organisent un meeting, ils payent des gens pour venir, amènent des chanteurs pour attirer la foule et font tant d’autres astuces pour dire qu’ainsi, ils sont aimés par le Peuple venu en masse ! De plus, ils profitent de la fibre nationaliste de chacun, qu’ils exacerbent, pour les éloigner de leurs problèmes quotidiens ! Jusqu’à présent, après chaque élection, cela a toujours été la déception malgré les grands discours et les promesses de paradis sur terre !
 
Nous qui sommes ici depuis si longtemps, nous témoignons du courage d’un peuple qui se bat pour vivre et survivre et qui combat la pauvreté tout seul avec des moyens dérisoires.
Ces braves mères et pères, qui aiment leurs enfants et qui veulent leur préparer un avenir un peu meilleur, sont dignes de toute notre admiration ! Je me sens tout petit devant ces milliers de personnes que je connais, et qui font preuve de courage et d’espérance malgré toutes les déceptions qu’ils ont subies de la part de leurs dirigeants. La Communauté Internationale, de son coté, n’a pas compris le profond désir de changement du peuple malagasy dans les affaires de L’Etat, et nous comprenons mal sa position. Ne peut-elle pas avant tout penser aux plus démunis avant ses propres intérêts personnels ?
 
Il y a ceux aussi qui vivent avec seulement quelques centimes par jour, ils n’ont presque rien mais ils gardent encore le sourire ! On se demande vraiment d’où leur vient cette force !
Devant ces braves citoyens, nous ne devons pas baisser les bras, bien au contraire, nous nous sommes mis à leurs cotés pour construire, là où nous vivons, une communauté plus juste et plus fraternelle !
C’est ce que nous réalisons à Akamasoa, avec des milliers de personnes et des centaines de responsables, qui gèrent cette Association Humanitaire et œuvre pour le Développement.
 
Grâce à toute l’aide financière que nous avons reçue pendant l’année 2009, nous avons pu continuer à construire des miracles à Akamasoa, cela étonne tous les visiteurs qui viennent dans nos villages. Compte tenu de la situation d’insécurité que nous vivons et qui fait vraiment peur, nous sommes nous mêmes étonnés de pouvoir avancer et progresser dans cette oasis d’espérance que nous avons bâti ensemble !
 
L’homme étant capable de se surpasser par amour pour ses enfants, nous avons, cette année encore, fait reculer la pauvreté, du moins dans les villages d’Akamasoa. C’est grâce au travail quotidien, aux efforts de chacun, à l’application de la discipline communautaire, à l’envie des jeunes d’étudier et à la confiance en Dieu, que nous aidons tous ceux qui font des efforts pour vivre dans la vérité.
 
C’est aussi grâce à vous, cher bienfaiteur qui avez généreusement partagé une partie de vos biens pour que nous puissions continuer à construire un avenir un peu meilleur pour les familles qui étaient, il n’y a pas si longtemps, des exclus de tout progrès. Cette année aussi, c’est une année particulière pour l’association, puisque nous avons fêté 20 ans d’actions humanitaires Akamasoa. Nous avons célébré cette fête le 11 octobre 2009 devant 20 000 personnes dont des Officiels de l’Etat et surtout avec la présence du Président de La Transition, Andry Rajoelina. A cette occasion il nous a remis le titre de 5 hectares de terrain pour Akamasoa, que nous 55 attendions depuis longtemps. Enfin un Président qui a tenu parole et qui a dénié venir en personne, visiter, encourager et soutenir les plus pauvres de son pays. Il a souligné également le travail d’Akamasoa comme un modèle de lutte contre la pauvreté.
 
Chers amis, nous comptons toujours sur votre appui et votre confiance, nous ne pouvons pas, surtout à ce moment si difficile, laisser tomber les 3000 familles, que la Providence nous a chargée de conduire vers une vie plus humaine et plus digne.
 
Le défi que nous avons assumé ensemble depuis 20 ans continue, MERCI de rester avec nous dans ce long combat pour la justice et la paix ! A Akamasoa un monde plus solidaire est possible, nous le démontrons par notre action et notre travail quotidien envers nos frères démunis.
 

Conclusion – le travail continue…
 
L’année 2010 s’avère déjà difficile à cause de la crise politique qui continue à faire souffrir tout le Peuple de Madagascar et surtout les plus pauvres, ceux qui doivent vivre avec moins d’un euro par jour.
Nous gardons un grand espoir de continuer, dans ce même élan, à servir, à aider et à préparer un avenir meilleur aux milliers d’enfants scolarisés à Akamasoa ! Ce n’est pas une mince affaire de s’occuper de l’avenir de 10 000 élèves, de la crèche à la terminale !
 
Nous sommes plus que jamais décidés à poursuivre notre lutte pour la justice et la dignité des plus pauvres, que La Providence a mis sur notre chemin, malgré toutes les tracasseries que nous devons surmonter quotidiennement !
Pour eux et tant d’autres frères et sœurs, nous levons depuis des années notre voix pour demander plus de justice et d’engagement, surtout en cette année où le Peuple choisira ses nouveaux élus ! Personne ne doit être élu pour sa bonne figure. Il faut être élu parce que l’on a proposé un programme de sortie de pauvreté et que l’on a préparé un avenir plus juste et plus digne pour le Peuple Malagasy !
 
L’espérance est là, car quelques jeunes sont bien conscients de la pauvreté de leur peuple !
Certes, ils ne sont pas très nombreux, mais ils existent ! Et ce sont eux qui vont changer l’histoire de leur pays !
Les vieux politiciens ne pourront jamais comprendre le vrai désir des jeunes et des enfants, ils n’ont plus ni la force, ni la vérité, pour mener un combat de justice pour leur Peuple !
 
Un combat pour la justice ne n’improvise pas ! Ce beau pays qu’est Madagascar a besoin d’hommes honnêtes, convaincus et imprégnés de vérité et d’idéal, et prêts à donner de leur vie pour le bien commun !
 
Si d’anciens dirigeants ne l’ont pas fait quand ils étaient jeunes, comment arriveront-ils aujourd’hui à faire bouger et à changer la mentalité d’un Peuple, quand ils sont déjà vieux par leur âge et leur esprit ? L’histoire dira un jour combien ils étaient indifférents à la souffrance de leur peuple et combien les honneurs qu’ils ont reçus les ont aveuglés ! Leur priorité n’a été que de mettre en avant leur apparente grandeur, et non pas de construire des écoles, des Hôpitaux, de créer des emplois pour les 200 000 jeunes qui cherchent un travail tous les ans ! Tout cela est resté dans l’oubli total !
 
Un dirigeant ne peut pas se dérober face à sa responsabilité, surtout quand il demande à être élu pour aider le peuple, les laissés pour compte et les oubliés du progrès !
C’est simplement du bon sens de dire que la priorité des priorités d’un pays qui a 75% de pauvres, soit de s’occuper des familles qui vivent dans le plus grand dénuement !
 
Il ne faut pas être un expert pour savoir que si vous ne vous occupez pas de cette population qui souffre dans tous les domaines de la vie sociale, personne ne tiendra longtemps aux commandes de l’Etat ! Nous irons de révolution en révolution et de crise en crise ! Il nous faut des hommes nouveaux, plus honnêtes, plus convaincus, avec une autorité et des visions claires pour leur pays. Ils doivent être décidés à lutter, à changer les structures qui ont provoqué cette pauvreté et cette exclusion, et à détruire et empêcher la corruption qui est une vraie gangrène de la vie politique et économique de Madagascar ! Cela est possible, à condition qu’il y’ait une conversion de la classe politique du pays !
 
A chaque élection, un nouvel espoir naît ! Il ne faut pourtant pas être naïf, et savoir garder les pieds sur terre ! Les citoyens devraient exiger de leurs élus de concrétiser leurs promesses grâce auxquelles ils ont accédé au Pouvoir !
 
C’est le Peuple qui est souverain, qui donne le pouvoir et qui est le garant de la démocratie !
Le Peuple d’Haïti nous donne un exemple. Comment peut-on renaître d’une catastrophe si terrible comme le tremblement de terre du 12 janvier dernier ? La solidarité, la vérité, l’amitié, le courage et la foi peuvent vaincre des montagnes et combattre toute fatalité !
 
Durant cette nouvelle année 2010, à Madagascar, nous allons entrer dans la IV République qui va certainement donner plus de chance de démocratie au peuple de Madagascar.
 
Cette année également, nous allons fêter à Madagascar les 50 ans de l’indépendance, cela sera un moment fort pour les dirigeants, comme pour chaque citoyen, et qui permettra d’analyser les causes de l’augmentation de la pauvreté après l’indépendance. Ce sera un moment de repentance et de réconciliation entre les dirigeants et le peuple pour recommencer une nouvelle histoire de justice, de dignité, de progrès social et de paix pour tous les malgaches sans exception.
 
Il ne faut pas non plus oublier les menaces et les dangers qui s’abattent sur la culture de Madagascar et de toute l’Afrique par la mondialisation à outrance, par ses gadgets qui envahissent tous les marchés du continent et qui endorment et bercent la jeunesse dans un semblant de paradis.
 
Une nouvelle mentalité apparaît : il faut gagner de l’argent le plus vite possible et dans les plus brefs délais ! La société de consommation devient une grande attraction pour les pays pauvres ! Le souci écologique et le respect de la nature attendront ! On s’en occupera plus tard ! Bonjour les dégâts !
 
La culture malagasy est en train de subir un choc fort et sans précédent par tant de fausses images du bonheur que véhiculent les médias, à tel point que beaucoup de nos jeunes ont perdu leurs repères culturel, humain et spirituel. Le clignotant est au rouge !
 
Nombreux sont les journalistes du pays qui constatent au quotidien un laisseraller dans tous les domaines de l’Etat.
Pour exemples : la construction de logements illicites et anarchiques dans des lieux dangereux et insalubres, des trottoirs et des espaces verts envahis par des marchands ! Tout cela devant l’indifférence totale des services d’ordre qui se disent dépassés ! Personne ne veut être responsable de l’anarchie qui est en train de s’installer dans les bas quartiers et jusqu’au centre Ville.
 
Une autre conséquence de ce « laisser-aller » c’est l’insécurité urbaine et rurale. En 2009 par exemple, 160 personnes ont été tuées par les « Dahalo » dans la campagne, 43 792 bœufs ont été volés, des chiffres qui sont en augmentation depuis ces dernières années.
Dans la zone urbaine, l’incertitude grandie d’année en année, on ne parle plus que de voleurs, de crimes et de viols et de beaucoup d’autres infractions.
Dans une telle insécurité, les paysans, qui forment la base du progrès de tout pays agricole, ne peuvent plus produire, travailler et progresser normalement !
 
Ceux qui informent sur la situation à Madagascar dans le monde, ce sont les journalistes internationaux et les diplomates des ambassades présentes dans le pays !
Cependant, force est de constater que de nombreux diplomates et aussi de journalistes ont commis de graves erreurs d’appréciation sur la vraie situation politique de Madagascar ! Comment soutenir autant de dérives anti-démocratiques ? Comment soutenir d’anciens régimes corrompus et qui veulent aujourd’hui revenir sans vergogne pour continuer à nuire ?
 
Malgré tous ces problèmes qui sont des pierres d’achoppement pour le développement de Madagascar, j’ai une ferme conviction, c’est que Madagascar a toutes les capacités et toutes les chances de pouvoir vaincre la pauvreté et de rayer toutes les causes qui ont provoqué cette misère.
 
La jeunesse de Madagascar se réveillera, j’en suis sûr, et prendra le destin et l’avenir de sa Patrie en main, c’est certain ! La jeunesse est le seul espoir d’un pays ! Alors, merci de continuer à nous faire confiance ! Ensemble nous arriverons à construire un avenir meilleur pour ces enfants et cette jeunesse prometteuse ! »